DEVOIR DE MÉMOIRE : REVIVRE AU TRAVERS DE CE REPORTAGE CE QUE LES VÉTÉRANS ONT VÉCU LE SAMEDI 2 JUILLET 1966 À 05 H 34 LORS DE L’EXPÉRIMENTATION NUCLÉAIRE ALDÉBARAN. VOLET N°2
UN VÉCU MÉCONNU À PARTIR DU PORTE-AVION « FOCH »
Le samedi 2 juillet 1966, la Première Force ALFA qui représentait la puissance navale Française dans le Pacifique Sud et plus exactement en Polynésie Française engagée dans le programme des expérimentations nucléaires comptait un fleuron de la Marine Nationale. À savoir le Porte-Avions FOCH.
C’était une flotte de 5 000 hommes, autour du porte-avions Foch, du croiseur de commandement "De Grasse" et d’une cohorte d’autres navires, qui était en manœuvre pour sécuriser et surveiller la zone (très encombrée).
Pour mémoire deux navires américains seront ainsi invités à prendre du champ, le Belmont et le Sairfield).
L’amiral Lorrain, le directeur des essais au Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), Jean Viard et Jean-Marie Lavie, scientifique, dirigent les opérations sur le "De Grasse".
Sur le porte-avions Foch, Jacques Tauraa, président de l’assemblée de la Polynésie française, Frantz Vanizette et Rudy Bambridge sont aux premières loges.
Le tir a lieu à 5h34. Vers 16 heures, les élus polynésiens et leurs guides peuvent se promener à Mururoa sans combinaison de protection autour du PC de tir “Anémone” (où cinq spécialistes sont restés enfermés durant l’explosion) ; la balade a lieu à 20 km du point zéro (où la bombe a explosé), la radioactivité de l’essai s’étant alors suffisamment dispersée. La presse n’a pas été conviée et aucun journaliste n’est donc sur zone pour témoigner.
À 400 kilomètres de là, aux Gambier, l’explosion fut visible depuis Taku et le bruit parvint aux oreilles des témoins 24 minutes plus tard.
LA BOMBE ATOMIQUE, UNE IMPORTANCE CAPITALE
POUR LE
GÉNÉRAL DE GAULLE.
Ce tir, au matin du samedi 2 juillet 1966, baptisé Aldébaran, revêtait, à l’époque, une importance capitale pour le général de Gaulle, qui avait déjà connu deux guerres mondiales, celle de 14-18 et celle de 39-45.
Pour le chef de l’État, seule la dissuasion nucléaire pouvait permettre à la France de devenir intouchable ; “aucun ennemi ne pourra attaquer notre pays s’il sait par avance que nous pourrons lui arracher au moins un bras”. C’est, ainsi résumée, la justification de la dissuasion nucléaire.