PAGE D’HISTOIRE : 15 AOÛT 1851 : ANGÉLIQUE-MARIE DUCHEMIN VEUVE BRULON, ANCIEN SOLDAT DE LA RÉPUBLIQUE REÇOIT À L’ÂGE DE 79 ANS LA LÉGION D’HONNEUR DES MAINS DU PRINCE LOUIS NAPOLÉON BONAPARTE FUTUR EMPEREUR NAPOLÉON III.
Marie-Angélique DUCHEMIN VEUVE BRULON, née le 20 Janvier 1772 à Dinan et décédée le 13 Juillet 1859 à Paris est la première femme à avoir été décorée de la Légion d’Honneur.
Née à DINAN (Côte du Nord) le 20 Janvier 1772, fille et soeur de soldats engagés dans les armées révolutionnaires, Marie-Angélique DUCHEMIN épouse à l'âge de 17 ans le Caporal André BRÛLON,et comme de nombreuses femmes à cette époque elle suit son époux avec son régiment le 42ème Régiment d'Infanterie de Ligne.
Après la mort de son mari et celle rapprochée de son père en 1792, elle décide à l'âge de 20 ans de s'engager et de rester au sein du 42ème Régiment où elle devient Caporal, Caporal Fourrier, puis Sergent-Major grâce à son autorité et sa bravoure au combat comme lors du siège de CALVI en Corse en 1794.
Marie-Angélique BRÛLON se distinguera au combat et démontrera un certain courage dont les témoignages de Caporaux et de soldats font état d'un courage hors norme dont notamment lors de la défense du Fort de GESCO, le 24 Mai 1794.
ATESTATION
"Nous soussignés, Caporal et soldats du détachement du 42ème Régiment, en garnison à CALVI, certifions et attestons que, le 5 Prairial an II, la citoyenne Marie-Angélique Josèphe DUCHEMIN, veuve BRÛLON, Caporal Fourrier, faisant fonction de Sergent, nous commandait à l'affaire du Fort de GESCO; qu'elle s'est battue avec nous avec le courage d'une héroïne; que les rebelles Corses et les Anglais ayant chargé d'assaut, nous fûmes obligés de nous battre à l'arme blanche; qu'elle a reçu un coup de sabre au bras droit et, un moment après, un coup de stylet au bras gauche, que nous voyant manquer de munitions, à minuit, elle partit, quoique blessée, pour CALVI, à une demi-lieue, où, par le zèle et le courage d'une vraie Républicaine, elle fit lever et charger de munitions environ soixante femmes, qu'elle nous amena elle-même escortée de quatre hommes, ce qui nous mit à même repousser l'ennemi et de conserver le Fort, et qu'enfin nous n'avons qu'à nous louer de son commandement"
FAITS D'ARMES
Peu après ces combats, toujours en Corse, elle sauve la vie du Capitaine futur Général DE VELDEL pris à partie par une foule surexcitée et menaçante. Se précipitant au devant de lui, elle désarme un forcené qui s'apprêtait à le frapper.
Au siège de CALVI, elle fait une nouvelle fois la preuve de son courage. Au cours d'une sortie, s'avançant au plus près de l'ennemi, une balle traverse son bonnet de Police.
Sous les ordres du Général CASABIANCA, elle tient tête aux Anglais lors du siège de la ville.
Quelques jours plus tard, elle est grièvement blessée à la jambe gauche par un éclat d'obus, alors qu'elle manoeuvrait une pièce de canon dans un bastion dont la défense lui était confiée.
Cette blessure lui cause une infirmité qui ne lui permet pas de rester sous les drapeaux.
Le 24 Frimaire an VII (14 Décembre 1798), elle est la première femme à être admise à l'Hôtel des Invalides de Paris.
MARIE-ANGÉLIQUE JOSÈPHE DUCHEMIN, VEUVE BRÛNON DEVIENDRA VÉTÉRAN DE L'ARMÉE NAPOLÉONIENNE
Pour reconnaître ses mérites et la récompenser de ses exploits, elle est nommée Lieutenant.
Désormais elle sera le Lieutenant BRÛLON, et arborera fièrement les épaulettes d'Officier sur son uniforme.
Les Régimes succédèrent aux Régimes. L'Empire, la Restauration (la première...puis la deuxième), la Monarchie de Juillet, la deuxième République, le Second Empire....
Un jour en 1851, Napoléon III visita les Invalides. On lui parla du Lieutenant BRÛLON et de ses exploits. Impressionné, il lui remit solennellement la Croix de la Légion d'Honneur.
Le Lieutenant BRÛLON décède le 13 Juillet 1859, à plus de 87 ans, après avoir reçu une nouvelle récompense: La Médaille de Saint-Hélène, créée deux ans plus tôt pour récompenser tous ceux qui ont combattu entre 1792 et 1815.
Première femme gradée de l'Armée Française,première femme admise aux Invalides, première femme décorée de la Légion d'Honneur, la petite Dinannaise de la Croix des Cordeliers a incontestablement été une lointaine pionnière de la condition féminine dans l'armée: il faudra attendre deux siècles et la 2ème guerre mondiale pour que des femmes soient à nouveau admises dans l'Armée Française.
UNE RUE DE DINAN PORTE SON NOM
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