PAGE D’HISTOIRE ET DEVOIR DE MÉMOIRE : LE 78ÈME ESSAI NUCLÉAIRE « ENÉE » PUIT/ATOLL AURA ÉTÉ UNE RÉUSSITE SCIENTIFIQUE ET MILITAIRE.

29 Novembre 2024 , Rédigé par amndvden

Descente du conteneur de la bombe en zone corallienne.

Le 24 novembre 1977, à 10h30 précises, un événement majeur a eu lieu dans le cadre du programme nucléaire français : l’essai nucléaire ENÉE, réalisé sur l’atoll de Mururoa, en Polynésie française. Ce 78e essai a marqué une nouvelle étape dans la mise au point de l’arme atomique française et a mis en lumière le rôle décisif des civils et des militaires dans cette réussite technique et stratégique. L’essai ENÉE, malgré sa discrétion, symbolise l'engagement total de la France dans sa politique de dissuasion nucléaire et son indépendance militaire.

Le contexte et les enjeux de l'essai ENÉE

L’essai nucléaire ENÉE, qui se situe dans la phase de modernisation de la force de frappe française, a permis de tester une nouvelle génération de têtes nucléaires, augmentant ainsi la précision et la capacité de destruction des armes atomiques françaises. Alors que la guerre froide faisait rage entre les superpuissances, la France, sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing, poursuivait sans relâche son développement militaire pour garantir sa souveraineté et sa sécurité nationale. L’armement nucléaire était devenu un pilier de cette politique, et Mururoa était devenu le centre névralgique de ces expérimentations, loin des regards indiscrets.

À cette époque, la France se battait pour conserver son indépendance face aux deux superpuissances de l’époque, les États-Unis et l'URSS. La force de dissuasion nucléaire, qui faisait partie de l’arsenal de guerre français, devait être constamment modernisée pour garantir l’efficacité de la dissuasion. ENÉE faisait partie de cette série de tests décisifs.

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Le rôle décisif des civils et des militaires

Ce qui ressort avec force lors de l’essai ENÉE, c’est l’ampleur du travail collectif réalisé par les civils, ingénieurs, techniciens, et militaires qui ont œuvré ensemble à la mise au point de cette arme. D’un côté, les scientifiques du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) et du Centre d'essais nucléaires (CEN) ont travaillé sans relâche pour concevoir et perfectionner les dispositifs nucléaires. De l'autre, les militaires, en charge de la logistique, de la sécurité et de la mise en œuvre sur le terrain, ont assuré la réalisation de l’essai dans des conditions extrêmes.

L’opération ENÉE, comme les autres essais nucléaires réalisés à Mururoa, a nécessité une coopération étroite entre ces deux mondes souvent perçus comme opposés : la science et la défense. Les militaires, en particulier ceux de la Direction des Applications Militaires du CEA (DAM), ont assuré non seulement la mise en place de l'essai, mais aussi la surveillance de l'impact environnemental, bien que ces conséquences n'aient été que peu médiatisées à l'époque. Les techniciens et ingénieurs ont joué un rôle primordial dans la mise au point des systèmes de lancement et d'activation des charges nucléaires, tout en garantissant la sécurité de l’opération.

Il est essentiel de souligner que cet essai n’aurait pas pu avoir lieu sans la contribution des personnels locaux. Les civils, pour beaucoup d’entre eux originaires des îles polynésiennes, ont participé à des tâches variées, allant de l’approvisionnement à la gestion des infrastructures, parfois dans des conditions de travail dangereuses.

Les vétérans de Mururoa : Une reconnaissance encore attendue

Ces hommes et ces femmes, qui ont contribué au développement de la force de dissuasion nucléaire, méritent une reconnaissance pleine et entière de la nation.

Leurs témoignages font écho à la nécessité de se souvenir de l’implication de milliers d'hommes et de femmes dans la réussite de la politique nucléaire de la France. Ils ont montré que leur rôle, parfois invisible, a été essentiel dans la construction de la force de dissuasion française.

Loin des débats publics qui souvent opposent les partisans et les détracteurs de la politique nucléaire française, il est nécessaire de rappeler que les vétérans de Mururoa et des autres sites d’essais nucléaires, ont fait un sacrifice que la nation se doit de reconnaître et de valoriser. Leurs actions ont permis à la France d'être l'une des rares nations capables de se défendre par l’armement nucléaire et de dissuader toute agression potentielle.

Conclusion : Une nation au devoir de mémoire

L’essai ENÉE du 24 novembre 1977 ne doit pas être seulement perçu comme un simple test militaire. Il est le fruit d'un travail de longue haleine et d’une coopération entre scientifiques et militaires qui ont permis à la France d’acquérir et de perfectionner sa force de dissuasion. Aujourd'hui, alors qu’aux portes de l’Europe un conflit fait rage, il est essentiel de reconnaître le rôle crucial joué par les civils et les militaires, ainsi que les sacrifices des vétérans. Ces derniers, acteurs méconnus d’un pan de notre histoire nationale, méritent non seulement notre reconnaissance, mais aussi une reconnaissance officielle qui viendrait enfin clore ce chapitre d’histoire nucléaire.

Le sacrifice de ces hommes et femmes dans le cadre du développement de la force de dissuasion nucléaire n'a pas de prix. Ils ont, par leur engagement, permis à la France d’assurer sa sécurité et son indépendance face aux grandes puissances mondiales. Leur mémoire doit être préservée, et leur rôle dans la genèse de la force de dissuasion ne doit jamais être oublié.