PAGE D’HISTOIRE ET DEVOIR DE MÉMOIRE : L'ESSAI NUCLÉAIRE « CANOPUS » : UNE ÉTAPE MAJEURE DANS LE PROGRAMME NUCLÉAIRE FRANÇAIS

10 Janvier 2025 , Rédigé par amndvden

CANOPUS

Le samedi 24 août 1968, à 12 h 15 (heure locale), la France procédait à l'une de ses expérimentations nucléaires les plus marquantes de l'histoire : l'essai CANOPUS, le trentième test de son programme nucléaire, mais surtout la première explosion d'une bombe à hydrogène (bombe H) réalisée sur le sol polynésien. Cet essai fait partie des 193 explosions nucléaires conduites par la France entre 1960 et 1996 et constitue un tournant majeur dans la mise en œuvre de l'armement thermonucléaire au sein des forces françaises.

Le Contexte de l’Essai

CANOPUS survient dans un contexte de forte tension internationale durant la guerre froide, où la course aux armements entre les grandes puissances (États-Unis, URSS, France, Royaume-Uni, etc.) est à son apogée. Après avoir réalisé son premier essai nucléaire en 1960, la France cherche à renforcer sa force de dissuasion nucléaire et à se doter d'un arsenal plus puissant. La bombe H, dont le mécanisme repose sur la fusion nucléaire, est un progrès technologique majeur par rapport aux bombes atomiques classiques, qui s'appuient sur la fission nucléaire.

Cet essai marque donc un tournant dans l’histoire de la dissuasion nucléaire française, avec l'objectif de démontrer la capacité du pays à produire des armes thermonucléaires fiables et efficaces.

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Le Tir sous Ballon

L'essai CANOPUS a eu lieu dans le Pacifique, plus précisément sur le site de Fangataufa, un atoll situé à environ 1200 km au nord de Tahiti, en Polynésie française. Le test a été effectué dans des conditions particulières : la bombe a été larguée depuis un ballon gonflé à l’hélium, positionné à une altitude d'environ 3500 mètres. Ce type de tir a été couramment utilisé pour les essais thermonucléaires afin de simuler les conditions d’une explosion à haute altitude, tel que pourrait être le cas lors d'une détonation en haute atmosphère ou dans un conflit militaire.

La méthode de tir sous ballon permet de maximiser les effets de l'explosion tout en assurant une plus grande sécurité pour le personnel et les équipements impliqués dans l'essai. La détonation sous ballon a également permis de tester la propagation de l'onde de choc et les effets électromagnétiques de la bombe H dans différentes conditions atmosphériques.

CANOPU

La Puissance de la Bombe H : Une Explosion Dévastatrice

La bombe H CANOPUS avait une puissance d'environ 2,6 mégatonnes de TNT. Ce chiffre est impressionnant à l’échelle humaine et montre l’énorme potentiel de destruction d’une telle arme. Pour mettre ce chiffre en perspective, cette puissance est plusieurs centaines de fois plus grande que celle des bombes atomiques larguées sur Hiroshima et Nagasaki. À titre de comparaison, la bombe lancée sur Hiroshima avait une puissance d'environ 15 kilotonnes, soit près de 170 fois moins puissante que CANOPUS.

Cette explosion a provoqué un flash lumineux intense visible à plusieurs centaines de kilomètres à la ronde, accompagné d'un nuage de champignon typique des essais nucléaires, qui s’est élevé à plusieurs dizaines de kilomètres d’altitude. L'onde de choc a été ressentie dans plusieurs régions voisines, et des répliques ont été détectées par des stations sismiques à travers le monde.

CANOPUS

VOL D'AVIONS BOMBARDIERS VAUTOURS

ÉQUIPÉS DE MISSILES

CONTENANT LES PRÉLÈVEMENTS DU TIR CANOPUS À FANGATAUFA.

Photos Ministère Défense:Ce cliché a été pris juste après le tir Canopus, première explosion d’une bombe thermonucléaire française, au-dessus du lagon de l’atoll de Fangataufa en Polynésie française. Ces avions chasseurs-bombardiers Vautour viennent de tirer des missiles dans le nuage nucléaire créé par l’explosion. Les données des particules récupérées par ces fusées seront ensuite analysées dans les laboratoires du Commissariat à l’énergie atomique (CEA).

CANOPUS, Symbole d'un Progrès Technologique et Stratégique

L’essai CANOPUS de 1968 reste un moment clé de l’histoire de la dissuasion nucléaire française. Il marque la première explosion d'une bombe à hydrogène par la France et témoigne de l’évolution de ses capacités militaires. Ce test a permis de valider la faisabilité d'armes thermonucléaires plus puissantes et plus sophistiquées, tout en renforçant la position stratégique du pays sur la scène internationale.

Roland PICAUD

Président national du M.N.V.E.N