LUCIEN PARFAIT, VÉTÉRAN DU SAHARA, QUI EST DEVENU LE SYMBOLE DES VÉTÉRANS DES ESSAIS NUCLÉAIRES APPORTE SON SOUTIEN À L'ASSOCIATION DU MÉMORIAL NATIONAL DES VÉTÉRANS DES ESSAIS NUCLÉAIRES ET AU PROJET D'ÉDIFICATION À SAINT-BONNET DE MURE (RHÔNE)
Ce Lundi 16 Octobre 2014, Lucien PARFAIT a contacté téléphoniquement le Président de l'Association du Mémorial National des Vétérans des Essais Nucléaires, Roland PICAUD, avec qui il s'est lié d'amitié, pour s'excuser de ne pouvoir être présent pour raison de santé lors de la 1ère Assemblée Générale qui aura lieu le Samedi 8 Novembre 2014 à Saint-Bonnet.
Lucien PARFAIT a informé le Président Roland PICAUD qu'il avait écrit une lettre qui a été posté ce 16 Octobre et a demandé qu'elle soit lue à l'assistance et particulièrement aux Vétérans. Celui-ci a exprimé son soutien total et entier à l'Association du Mémorial National des Vétérans des Essais Nucléaires et au projet du Mémorial choisi par la Commission du Mémorial.
Il a exprimé sa joie de voir dans l'ordre du jour que la Marine Nationale rendra les honneurs aux vétérans. Pour lui ce sera un bel hommage dont il regrette de ne pouvoir assister tout comme lors de l'ensemble de ce rendez-vous qui se veut Fraternel et de Devoir de Mémoire.
Le Président Roland PICAUD lui a répond que non seulement ce serait lu mais que cela sera inséré dans le Blog après l'Assemblée Générale. Il a également accepté que l'information de son soutien soit déjà insérée.
Message à lire ci-dessous et dans la case "LES TEMPS FORTS DE LA RÉUSSITE DE LA 1ÈRE ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE L'A.M.N.D.V.D.E.N"
MOT DE SOUTIEN LU PAR NOËL ROSSERO (Voir case Les Points Forts de la Réussite de la 1ère Assemblée Générale): Monsieur Roland PICAUD Président National de l’Association du Mémorial National des Vétérans des Essais Nucléaires Chers Amis de l’AMNDVDEN J’aurais bien voulu participer à cette Assemblée Générale et la cérémonie qui suivra ce samedi 8 Novembre 2014 à Saint Bonnet de Mure, qui sera j’en suis sur d’une très grande FERVEUR !! et rondement organisé, comme j’ai déjà participé et assisté avec vous chers amis. Mais mon état de santé aujourd’hui ne me le permet pas : Faiblesse, soins et vue….. J’apporte à titre personnel mon entier soutien à l’Association du Mémorial National des Vétérans des Essais Nucléaires et au projet de Mémorial. Je pense souvent à vous Chers Amis qui faites tout pour que ce Mémorial National soit édifié. Avec notre Président si dévoué Roland PICAUD il n’y a aucun doute !!!! Avec votre dévouement. Chers amis de l’AMNDVDEN recevez mes amitiés, et merci à tous de votre soutien. Votre ami Lucien PARFAIT.
LUCIEN PARFAIT: HISTOIRE D'UN HOMME QUI EST DEVENU LE SYMBOLE DES VÉTÉRANS DES ESSAIS NUCLÉAIRES
Lucien Parfait était appelé du contingent à In Ecker, en 1962.
« J’étais appelé du contingent. Profession artisan-maçon. Le 1er mai 1960, jour de mon départ, j’avais 20 ans, raconte Lucien, à l’aube de ses 71 ans. Grenoble près de deux ans, puis Marseille, Nord Atlas algérien avant le camp d’In Ecker, dans le Sahara. “Maçons, paysans sortez des rangs”. Nous avons été envoyés à la galerie destinée à transporter la bombe au cœur de la montagne d’In Ecker. Besoin de main-d’œuvre. Devant nous, les Ch’tis ouvraient le tunnel, nous étions chargés des finitions. » Pas de masque, cachets de sel obligatoires, 12 à 15 litres d’eau chaque jour. Eviter la déshydratation.
« La galerie finie, on a tiré un glacis, avec l’ingénieur. On a transporté les deux éléments de la bombe en wagonnets. » Avant son départ, Lucien ignorait tout des motifs de sa venue ici.
1er mai 1962. Jour J pour le tir baptisé Béryl. « Nous, les simples soldats, portions une tenue en coton blanc. Un masque à gaz rescapé de la dernière guerre. Il faisait si chaud. Pas de consigne de sécurité particulière. A 11 heures, à 500 mètres du point zéro, Lucien est dehors. Explosion. La montagne tremble. De gros rochers « pareils à des voitures » se décrochent. La montagne s’ouvre, se fissure, laissant échapper un épais nuage. Coups de sirène. Deux. Avant le vent de panique « indescriptible ». Chacun cherche à fuir le monstre radioactif. « Nous étions les plus près et les derniers à partir en camion. Tout le monde a été évacué dans les secondes suivant l’accident. » Le vent n’a pas rattrapé le convoi. De retour au camp de base, à quelques dizaines de kilomètres de là, « on nous a mis dans un hangar en tôle ».
5 mai. Seulement « cinq jours après, on m’a envoyé avec un gars, à 8 heures du matin, chercher un compresseur Spiros ». En tracteur, Lucien et son collègue s’élancent à nouveau en direction de l’entrée de la galerie. L’objet, de la taille d’un fourgon, est enseveli sous les gravats. Il leur faudra quatre heures de travail avant de l’atteler à l’engin agricole. Quatre heures d’exposition à une radioactivité très intense. Auxquels s’ajoutent quatre heures de trajet aller-retour. Objectif de la manœuvre : effectuer un relevé dosimétrique sur l’objet. « Pendant cette mission, nous étions obsédés par le danger et dans l’impossibilité de désobéir aux ordres. On s’en est pris un maximum. » A notre arrivée au camp, « les gars de la décontamination ont récupéré le compresseur et nous ont renvoyés dans notre hangar. Aucune mesure de décontamination ne nous a été proposée… » Lucien se repasse le film, un brin amer.
14 mai. Réintégration du camp d’In Ecker « comme si rien ne s’était passé ». Le travail reprend pour débuter l’expérience 3. « On a dépoussiéré les tentes, nos lits, nos placards, nos valises »… Et repris les outils.
23 juin. Lucien est libérable, retour en Ardèche. Les symptômes commencent à apparaître. Premier diagnostic : polyglobulie, leucocytose, lymphocytose. Rapidement, des neavus, – ou tumeurs – apparaissent sur le cou, les joues, autour des yeux. Un an plus tard se déclarent cancer de la peau et de la mâchoire. Lucien consulte un professeur à Lyon et ne rentrera qu’une vingtaine de jours plus tard, séjournant en stomato, ophtalmo, pneumo… « Ils m’ont enlevés les deux coins des yeux et une partie du nez. » Suivront 30 anesthésies générales et une centaine d’anesthésies locales. Il accepte le combat « pour voir grandir ses deux filles ».
Le certificat de ce grand médecin lyonnais atteste que l’exposition radioactive subie par Lucien Parfait est considérée comme le facteur déclenchant de ses multiples pathologies. Fort de cette preuve, il entame sa première demande d’indemnisation pour défiguration de l’œil droit en 1969. Débouté. 1975, seconde procédure pour ses cancers.
A bientôt 71 ans, Lucien Parfait se soigne, entouré de sa famille, dans sa maison du Pouzin, en Ardèche. Exposé sur le site d’In Ecker, après le tir du Béryl, en 1962, il souffre aujourd’hui de multiples pathologies.